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Chrétiens de gauche:

 

Compte-rendu de la Journée 2015
des Chrétiens de gauche romands
 

Quelle laïcité pour la Suisse
Pour une laïcité qui reconnaisse les religions
 

organisée le Samedi 31 janvier 2015, à Lausanne.
Revoir la présentation, ou le programme détaillé (PDF).

Réunis à Lausanne le samedi 31 janvier, les socialistes chrétiens romands se posaient la question: quelle laïcité pour la Suisse ? Un thème choisi l’automne dernier mais qui a acquis une actualité particulière en janvier !

Le pasteur Alexandre Mayor a introduit la journée par une méditation sur les textes du Nouveau Testament qui évoquent ce thème, bien que dans un contexte très différent du nôtre: Jésus lui-même recommande de «rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu», et il affirme à Pilate que «mon Royaume n’est pas de ce monde». Il délimite donc des sphères différentes pour la spiritualité et la politique, ouvrant la voie à ce que nous appellerions aujourd’hui laïcité de l’Etat.

Professeur de sociologie des religions, Roland J. Campiche a ensuite brossé un tableau des formes de laïcité que l’on rencontre en Suisse, pays dont la Constitution ne gomme pas la tradition chrétienne tout en prescrivant le respect des convictions (religieuses ou non) et en empêchant la mainmise d’une religion sur les citoyens. Une situation bien différente de celle de la France, dont la posture rigoureusement laïque fait d’ailleurs fi gure d’exception en Europe et dans le monde. Il se prononce clairement pour la reconnaissance par l’Etat des communautés religieuse, notamment de l’islam puisque c’est d’actualité. Cette reconnaissance est gage de sérénité au sein des communautés comme dans l’espace public.

En l’absence de Pascal Hämmerli, prévu au programme mais retenu par un imprévu à l’étranger, c’est Dimitri Andronicos, membre du comité des socialistes chrétiens, qui a traité de la présence des signes religieux dans l’espace public, par exemple les crucifix dans les classes. Il faut, selon lui, accepter de donner une dimension visible aux religions et ne pas faire de leurs signes de simples objets de musée. Prenant exemple sur le Québec, il prône le principe de «l’accommodement raisonnable », qui consiste à promouvoir des compromis acceptables qui permettent la coexistence des différentes religions et des athées.

L’après-midi, une table ronde réunissait quatre personnalités que presque tout aurait pu opposer. Olivier Delacrétaz, président de la Ligue vaudoise, qui aurait pu être le loup dans la bergerie, a pourtant été bien reçu par l’assistance dans la mesure où il relevait que la laïcité ne pacifi e pas la société en prétendant neutraliser l’espace public et surtout lorsqu’elle devient à son tour une «religion de la laïcité».

Benoît Gaillard, président du parti socialiste lausannois et extérieur à toute pratique religieuse, proposait une laïcité critique autant envers les religions qu’envers elle-même, acceptant les compromis (et non les compromissions) pour autant que soit défi ni l’espace entre les normes civiles et les choix moraux possibles.

Hafid Ouardiri, musulman directeur de la Fondation pour l’Entre-connaissance, a dit se trouver heureux de la laïcité suisse et genevoise en ce qu’elle donne droit de cité à sa communauté minoritaire, mais en rendant l’assistance attentive au fait qu’elle est souvent vécue comme répressive.

Vincent Léchaire, président des socialistes chrétiens, a défendu le principe d’une laïcité ouverte, garantissant la démocratie (c’est le peuple qui est souverain en matière politique) et la liberté de conscience mais tolérant la visibilité des religions.

Un débat animé a suivi, mettant en évidence une forte adhésion au principe d’une laïcité qui ait pour but non de cacher les différentes formes de religion ou de non-religion, mais de leur permettre de vivre ensemble: des signes d’appartenance visibles peuvent, dans un climat de tolérance et de liberté, faciliter le dialogue et la compréhension. Au contraire de ce qui se passe en France, l’histoire de notre pays (qui s’est pourtant constitué au XIXe siècle au terme d’un confl it à composante religieuse) démontre que l’on peut construire un climat serein en ce domaine. Ce qui s’est fait entre protestants et catholiques devrait pouvoir se poursuivre entre chrétiens, athées et musulmans.

Mais, comme l’a relevé un participant, les confl its entre religions et au sujet de la laïcité sont actuellement exacerbés au détriment du débat économique et politique. Le plus grand problème du monde actuel n’est pas le statut ou la responsabilité des religions, mais le fait que l’économie et l’argent prévalent sur toutes les autres valeurs.

Compte-rendu rédigé par J.-F. Martin

Sur le même thème, voir aussi nos articles parus dans L'Espoir du Monde n° 158.




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