Compte-rendu de la Journée 2016
Réussir une Suisse multiculturelle ?
C’est la cohésion sociale qu’il faut promouvoir
Hélène KüngLes Chrétiens de gauche romands se sont réunis le samedi 30 janvier à Yverdon pour leur traditionnelle journée d’étude. Le thème de cette année, «Réussir une Suisse multiculturelle ?» leur a permis de réfléchir aux difficultés que rencontrent tant les migrants que les autochtones, mais aussi aux conditions qui permettent de les surmonter.
Hélène Küng, pasteure et directrice du Centre social protestant vaudois, a ouvert la journée par une réflexion sur le thème «souvenez-vous quand vous étiez étrangers», comme Israël l’avait été en Egypte.
Jean-Claude
MétrauxJean-Claude Métraux, psychiatre et co-fondateur de Appartenances, a ensuite pris position pour une intégration créatrice, permettant à chacun de tisser sa propre toile en conservant un rapport à ses origines. Ce qui s’oppose à la tentation de refuser l’intégration, comme à celles de renier sa culture ou de se réfugier dans une double marginalisation par rapport à sa communauté et à une société qui imposerait l’assimilation. Cela implique une politique de la reconnaissance aussi bien des différences que du besoin de sécurité et d’estime réciproque, des immigrés comme des autochtones.
Lionel ImhofLionel Imhof, responsable du projet Multiculturalité de la Police de Lausanne, n’a pas caché les difficultés que rencontrent les policiers et les immigrés dans leurs relations. Les policiers sont par définition surtout confrontés à des étrangers délinquants et cela implique qu’ils soient de mieux en mieux formés, ce à quoi s’attachent les polices cantonales et communales, en lien avec des associations comme l’OSAR et des responsables de communautés. L’objectif est de bien connaître le terrain, de favoriser le rapprochement, de contrer les stéréotypes (un noir n’est pas forcément un dealer !), sans négliger la vigilance.
L’après-midi a été consacré à une table ronde à laquelle participaient
Cécile Ehrensperger, du Service jeunesse et cohésion sociale de la ville d’Yverdon-les-Bains, Ada Marra, conseillère nationale socialiste, Sandrine Ruiz, vice-présidente de l’Union vaudoise des associations musulmanes, et Lionel Imhof, de la Police de Lausanne.
Cécile Ehrensperger, Ada Marra, Lionel Imhof, Sandrine RuizElle a permis de confirmer la nécessité de travailler à la cohésion sociale, au profit de toute la population. De trouver des équilibres, entendre les peurs des citoyens sans aboutir à une politique mortifère, gagner la confiance réciproque; d’aider les migrants à trouver une place dans la société sans se replier dans le communautarisme.
Les expériences positives ne manquent pas, mais elles démontrent que cette recherche demande un engagement positif personnel, un travail de proximité, des contacts au quotidien et surtout du temps. Les programmes d’intégration devraient bénéficier de moyens plus importants et il faudrait limiter les obstacles légaux et administratifs qui compliquent les efforts des migrants et les rendent dépendants de l’aide sociale. On le leur reproche alors que c’est notre majorité politique qui crée leur précarité économique.
Ainsi donc, ce n’est pas simplement l’intégration (et encore moins l’assimilation) des migrants qui doit constituer l’objectif commun, mais bien la cohésion sociale: trouver le moyen de vivre ensemble, dans le respect des uns et des autres, sans nier les problèmes que pose la coexistence des cultures: par exemple, comment concilier le féminisme et le port du foulard ?
Relevons encore que l’on n’a pas manqué d’évoquer le fait que les étrangers sont les plus nombreux pensionnaires de nos prisons: une réalité contrebalancée par le fait que 99,8% des étrangers ne sont pas en prison ! Par le fait aussi que de nombreux prisonniers ne sont pas des étrangers installés en Suisse et que la préventive est très souvent beaucoup plus longue pour eux.
Compte-rendu rédigé par
Jean-François Martin,
secrétaire des CGR
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